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« Citoyenneté,
espace public et technologies d'information et de communication;
les
mutations de l'éducation populaire »
Nathalie Boucher-Petrovic
Université Paris 13, MSH Paris Nord, France >>> Télécharger le texte de la communication
Face à la concentration des médias de masse, les technologies
de l'information et de la communication offrent des opportunités
d’élargissement des lieux d’échange, de
débat et d’interaction ; autrement dit de l'espace public.
Ces mutations en cours interrogent l’émergence de nouvelles
modalités de participation citoyenne à la vie publique.
D’une manière générale, on observe un
besoin de redonner du sens à la démocratie et l’apparition
d’une nouvelle revendication : la réappropriation
de l’espace public par les citoyens ; celle-ci passant par
des modalités rénovées d'expression et de débat
dans l'espace public. Par ailleurs, et cela n'est pas anodin, puisque
révélateur de ces nouvelles revendications, l'éducation
populaire est de retour dans le débat public. Cette notion
aurait une nouvelle résonance dans un contexte marqué par
un espace public fragmenté, par une crise économique
et sociale et par la remise en cause des institutions publiques.
Dans ce contexte, le rôle de l’éducation populaire
comme démarche visant la participation des citoyens à un
espace public commun et leur émancipation se trouve réinterrogée.
Les mutations à l'œuvre dans les milieux de l'éducation
populaire et leur actuelle reconfiguration autour des questions liées à l'altermondialisme,
aux réseaux d'information et de communication et aux nouvelles
formes de participation à l'espace public nous éclairent
sur les enjeux de la société dite "de l'information" pour
ces milieux. A cet égard, les arguments des promoteurs de
cette société dite "de l'information" font écho
au rêve et aux idéaux des militants d’éducation
populaire. Développement de la citoyenneté, diffusion
des savoirs, démocratisation de la culture… ces idées
pour lesquelles l’éducation populaire se bat trouveraient
de nouvelles opportunités avec les technologies d'information
et de communication. Le mouvement des logiciels libres, les nouveaux
outils d'expression et de collaboration (notamment les wikis et blogs)
ne représentent-t-il pas le pendant technique des valeurs
de partage et de coopération chères à l’éducation
populaire ?
Ainsi, les problématiques liées à la société dite "de
l’information" permettent de réactualiser les valeurs
chères aux militants d’éducation populaire et
de renouveler les pratiques traditionnelles. Dans le même temps,
l’éducation populaire se trouve elle-même réinterrogée
par les nouveaux outils. Dans ce contexte, nous avons observé une
volonté de reconquête du projet historique en l'actualisant à la
lumière des enjeux contemporains, et d’autre part, une
recomposition du champ de l’éducation populaire. La
réappropriation des thématiques liées à la
société de l’information constituerait donc un
des pendants des stratégies de relégitimation et d’actualisation
du projet historique d’éducation populaire.
Corrélativement à ces reconfigurations, de nombreuses
actions visant à développer la citoyenneté et à renforcer
la démocratie se font jour, souvent en dehors des espaces
institués. Cafés citoyens, expertise citoyenne, partage
des savoirs, journaux citoyens, blogs citoyens, médias alternatifs,
wikis, forums sociaux : ces pratiques en émergence créent
de nouveaux espaces d'expérimentation démocratique
et interrogent à leur tour les milieux institués de
l'éducation populaire.
« Les consultants éditoriaux
comme importateurs de modèles économiques et professionnels
entre presse magazine et presse quotidienne »
Marie Brandewinder
Université Rennes 1 - CRAPE, France >>> Télécharger le texte de la communication
On oppose généralement dans la presse française
le secteur de la presse quotidienne et de la presse magazine sur des
critères éditoriaux (périodicité, sujets
traités et mode de traitement), mais aussi sur les modèles
économiques (part des lecteurs / de la publicité dans
les ressources) et organisationnels (internalisation /externalisation
de la rédaction) des entreprises, et enfin sur les modèles
professionnels adoptés. La presse quotidienne, qui a longtemps
représenté le pôle dominant de la profession,
est attachée à défendre la spécificité
de la presse par rapport aux autres médias et, au sein de la
presse, la spécificité de chaque titre ; d’un
autre côté, la presse magazine, où les titres
sont réunis dans de grands groupes internationaux, où
les méthodes et les modèles circulent entre titres,
médias, voire entre secteurs d’activités, représentait
le pôle dominé.
Depuis quelques années, ces équilibres évoluent
profondément : la presse quotidienne cède progressivement
à la presse magazine son rôle de prescripteur de modèles.
Sur le plan des contenus, la presse quotidienne adopte des sujets
ou des rubriques explicitement inspirés de la presse magazine.
Elle tend elle aussi à se structurer en grands groupes de presse,
de médias, voire au sein de groupes industriels. Sur le plan
de l’organisation des entreprises, l’influence de la rédaction
tend à diminuer au profit des services d’encadrement
(gestion, ressources humaines, publicité…). Cette évolution
affecte profondément le champ, dans la mesure où, au
travers du magazine, c’est à des méthodes, des
critères et des modèles issus d’autres secteurs
industriels que toute la presse est en passe de s’ouvrir. De
fait, indissociable de l’évolution des modèles,
on assiste à une évolution des critères d’évaluation
en vigueur dans la profession : les critères économiques
qui permettent d’évaluer l’entreprise éditrice
tendent à l’emporter sur les critères éditoriaux
internes à la profession.
Dans cette perspective, nous nous intéressons à un
groupe, quantitativement peu important mais très significatif
: les consultants éditoriaux qui ont accompagné des
grands titres de presse quotidienne nationale ou régionale
– Le Figaro, Libération, Le Dauphiné Libéré…
– dans l’élaboration de leurs nouvelles formules.
Le recours à ces consultants, limité jusque récemment
au seul secteur du magazine, se diffuse depuis peu dans l’ensemble
de la presse et ils apparaissent comme un maillon important des évolutions
signalées. Leur trajectoire et leur position en font des importateurs
privilégiés de modèles : leur crédibilité
auprès des directions, qui commandent les missions, se construit
largement sur le fait qu’ils travaillent également dans
d’autres secteurs de presse, d’autres médias, ou
d’autres secteurs d’activité, selon le type de
consultant. Mais leur position d’entre-deux, spécifique
à la fonction de conseil, leur demande d’être légitimes
aussi auprès des rédactions, cibles de ces missions,
auxquelles ils apportent de nouvelles manières de travailler,
une nouvelle conception du journalisme. Ils sont donc à la
fois révélateurs et vecteurs des évolutions de
l’ensemble du secteur de la presse en France.
« L’organisation réticulaire
dans le secteur manufacturier à la lumière des pratiques
de gestion au sein de l’industrie culturelle : vers un paradigme
« créatif » et « cognitif » ? »
Yvan Renou, Damien Rousselière
Université Grenoble 2 - LEPII, France
>>> Télécharger le texte de la communication
Cet article a pour ambition d’analyser les nouvelles modalités
de coordination à l’œuvre au sein du capitalisme
« post-industriel » ou « de l’innovation intensive
» en les confrontant à certaines pratiques observées
dans le secteur culturel (Menger, 2002). Cherchant dans un premier
temps à caractériser les organisations évoluant
dans le secteur culturel, on met en évidence que ces dernières
peuvent être appréhendées, dans leur grande majorité,
comme des organisations « floues » et « latentes
» (Starkey et alii, 2000) et qu’une telle structuration
- loin d’être «hybride » ou « inachevée
» - apparaît dotée d’une assez forte spécificité
et relativement bien stabilisée. On procède alors, dans
un second temps, à l’analyse du pilotage de la coordination
des activités à l’intérieur de différents
réseaux d’entreprises du secteur automobile à
la lumière de ces différents faits stylisés.
On met en évidence une assez forte disparité entre les
réseaux nord-américains et japonais, notamment dans
la caractérisation des normes de gouvernance encadrant le processus
de conception de produits. Plus généralement, on avance
que les nouvelles modalités de coordination observées
au sein des réseaux verticaux japonais (à l’origine
d’une meilleure efficacité productive) témoignent
de l’avènement d’un nouveau « paradigme »
dans le pilotage du réseau et qu’il est possible de cerner
la spécificité de ce dernier au regard des pratiques
de coordination caractéristiques du secteur cultuel : les organisations
modernes les plus efficaces au sein d’un capitalisme de l’innovation
intensive se révélant à la fois « ambiguës
», « affectives » et « temporelles »
(M.J. Hatch, 1999), il apparaît en effet nécessaire,
afin d’en rendre compte, de se doter d’un paradigme intégrant
les dimensions « créative » , « cognitive
» et « politico-morale » de l’agir. Une telle
perspective constituerait alors une voie de recherche possible afin
de surmonter les limites d’analyses organisationnelles de nature
trop « instrumentale » (Williamson, 1985).
« La diversité culturelle dans
l’imaginaire du Forum Social Mondial »
Rafaël Rosa Hagemeyer
Centro Universitário Positivo, Brésil
RESUME EN ATTENTE
« Marketing des consommations et des
productions culturelles »
Catherine Venica
Université Paris 8, MSH Paris Nord, , CEMTI, France
Cette communication traite des relations que le marketing entretient
avec la sphère des consommations et avec celle des productions
culturelles. Nous avons exploité des ouvrages et articles à
caractère scientifique et professionnel, sur le marketing des
arts et de la culture publiés depuis les années 80.
Nous avons ensuite confronté le positionnement d’un «
marketing culturel », donnée par les praticiens et théoriciens,
à des mécaniques marketing observables principalement
dans les secteurs du livre et du cinéma. Des perceptions courantes
dénoncent des rétroactions directes entre l’observation
des comportements des consommateurs et les activités de création,
production, promotion et distribution des biens culturels. L’analyse
de l’appropriation des techniques marketing au sein des filières
met en évidence les difficultés que soulève la
mise en œuvre des formes de contrôle marketing sur les
consommateurs et sur l’organisation des activités des
industries culturelles.
La littérature étudiée souligne, que les spécialistes
du marketing doivent s’adapter aux spécificités
des institutions culturelles, auxquelles elle n’accorde que
très rarement le statut d’industrie, en se limitant exclusivement
à trouver des consommateurs pour un produit et non en indiquant
aux personnels artistiques de quelle manière ils doivent procéder.
Par ailleurs, de façon remarquable, cette littérature
reconnaît que le domaine des arts et de la culture fait exception
à toutes les approches traditionnelles du comportement du consommateur.
A l’extrémité des filières apparaissent
deux représentations autonomes et indépendantes l’une
de l’autre ; celle de « l’expérience individuelle
» de consommation et celle de l’expérience de l’acte
de création.
En contradiction avec ces considérations, deux phénomènes
semblent caractériser l’appropriation des techniques
marketing par les acteurs des industries culturelles :
- un processus de codification des « œuvres produits »
et les « œuvres vécues », liant différents
groupes ou segments de consommateurs à des catégories
d’offres culturelles,
- l’association de mécanismes de différenciation
marketing (par les prix, les formes de distribution, les procédés
de promotion etc.) avec les stratégies industrielles, selon
des logiques d’évitement, de renforcement mutuel ou de
conflit.
Les données recueillies dans cette analyse demeurent très
partielles, néanmoins dans le contexte récent de développement
de moyens d’accès individualisés aux consommateurs,
tant pour la promotion que pour la commercialisation directe des biens
culturels, ces deux phénomènes permettent de préciser
les recompositions des modalités de diffusion massive et sélective
des productions artistiques et intellectuelles.
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