|
« Les
conséquences sur l’espace public du développement
de la presse gratuite »
Roger Delbarre
Université Paris 13, LabSIC, MSH Paris Nord, France
>>> Télécharger le texte de la communication
« Economie politique de la communication
et espace public : le cas tunisien »
Riadh Ferjani
Institut de Presse et des Sciences de l’Information, Université
de Tunis-Manouba, Tunisie
L’objet de cette contribution porte sur les conditions d’adaptation
de l’approche de l’économie politique de la communication
dans un espace public pluriel, mais fortement dominé par l'État-parti.
Depuis la fin des années quatre-vingt, l'évolution du
champ médiatique et plus particulièrement de l’audiovisuel
relève d'un paradoxe. En effet, tout en essayant de prendre
en considération, dans des registres divers, les changements
intervenus dans la sphère des usages et les enjeux économiques
liés à la perte de son monopole sur la diffusion, l'État
continue à gérer les médias audiovisuels comme
étant l'une des institutions sociales qui lui permet d'assurer
son hégémonie sur l'ensemble de la société.
Notre analyse tiendra compte de la double filiation de la marchandisation
: en même temps que son internationalisation, elle est aussi
un mouvement d’industrialisation, c’est-à-dire
un processus de rentabilisation des médias nationaux interconnectés
à des acteurs transfrontières. Cependant au regard de
la configuration actuelle de l’espace public, la rentabilité
économique d’un secteur en perpétuel mouvement
reste très aléatoire, en raison de l’existence
de plusieurs logiques sociales concurrentes, mises en œuvre par
des acteurs dont les possibilités d’influencer le champ
restent inégales.
Nous essayerons de cerner ces différentes logiques que nous
regroupons pour les besoins de l’analyse autour de trois axes
:
1. l’incertitude institutionnelle a trait aux politiques publiques
caractérisées par une déréglementation
sélective qui en dépit d’une surproduction normative
reste encore aujourd’hui en décalage avec la diversité
de la société tunisienne ;
2. les ajustements entre le national et l’international prennent
forme autour de l’imitation, de l’achat ou de l’adaptation
des concepts de programmes de divertissement à forte dimension
mercantile, mais qui peuvent être porteurs d’une parole
dissonante par rapport au discours officiel ;
3. les tactiques mises en œuvre par les publics/usagers pour
accéder aux médias audiovisuels, s’y exposer,
les fuir ou les contourner ne sont plus des pratiques marginales relevant
uniquement de la sphère domestique, mais semblent s’inscrire
dans des logiques de prise de parole dans l’espace public.
« Les ICIC en Afrique du Sud après
l’apartheid : l’exemple de la National Film and Video
Foundation »
Samuel Lelièvre
Atelier Fiwe, Paris, Film-Art-Culture, Laval, France >>> Télécharger le texte de la communication
L’Afrique du Sud est le seul pays d’Afrique sub-saharienne
à avoir développé une industrie cinématographique
au sens que l’on donne à ce terme habituellement. Cependant,
cette industrie a été instrumentalisée par les
régimes politiques et la mise en place du système d’apartheid
au milieu du 20e siècle. Avec les bouleversements qui sont
intervenus dès la fin des années 80 et l’instauration
de la démocratie en 1994, cette puissante industrie cinématographique
et audiovisuelle sud-africaine – elle a été rejointe
par la télévision à la fin des années
70 – est entrée dans un phase de restructuration qui
est encore en cours. Cette restructuration a été mise
en place à travers la rédaction, par un comité
d’experts, d’un Livre Blanc qui a conduit à la
création en 1999 de la National Film and Video Foundation (NFVF)
par le gouvernement sud-africain – No. 73 of 1997 : National
Film and Video Foundation Act, du « journal officiel sud-africain
». Dès lors, l’objectif de cette institution est
de « créer un environnement qui développe et fait
la promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle
sur le plan national et sur le plan international ». En se focalisant
plus particulièrement sur le rôle de la formation et
sur les mutations récentes, cette communication se propose
de retracer le cadre historique, politique et social ayant conduit
à l’instauration de la NFVF, de rendre compte du scepticisme
des auteurs du Livre Blanc à l’origine du cadre global
de cette institution, ainsi que de rapporter l’action de la
NFVF et les critiques dont elle est l’objet. Ce faisant, il
s’agira de re-situer la NFVF au sein du contexte post-apartheid,
notamment à travers le rapport avec les télévisions
(SABC, M-Net, etc.), le rapport avec l’environnement socioculturel
immédiat ainsi qu’avec le monde extérieur. Cette
communication se base sur des recherches effectuées lors d’un
séjour post-doctoral de deux ans en Afrique du Sud et entre
dans le cadre de travaux effectuées par la suite en direction
des films et pratiques cinématographiques ou audiovisuelles
sud-africaines.
« Les mutations de l’information
publique : le cas de la santé »
Isabelle Pailliart, Hélène Romeyer
Université Stendhal-Grenoble 3 - GRESEC, France
L’objectif de cette communication est d’analyser les
transformations de l’information publique, sous l’impulsion
en particulier des nouvelles techniques de communication. L’information
publique repose sur une longue tradition de l’Etat dans la production
et la mise à disposition auprès de « citoyens
» de données issues de grandes enquêtes nationales,
de résultats concernant les secteurs d’intervention de
l’Etat ou encore de statistiques enrichissant les outils de
pilotage et de gouvernement de la société (protection
sociale, renouvellement des générations…). La
diffusion, le plus souvent gratuite, de ce type d’informations
reste une prérogative de l’Etat. Si l’information
publique apparaît comme une ressource politique à laquelle
les gouvernants ont recours pour légitimer une décision
(le coût des retraites, le nombre des fonctionnaires, les chiffres
de la délinquance), elle connaît également d’autres
utilisations, dans le cadre de la prévention (les accidents
de la route, les cancers et le tabagisme), en vue de faire évoluer
les comportements. Elle s’inscrit donc bien dans trois domaines
de l’action de l’Etat : les politiques publiques (et les
formes de rationalités de l’action publique qu’offre
l’information), la relation politique entre des responsables
politiques et des citoyens, la mise en œuvre de conduites collectives
(et la normalisation de celles-ci). Dans ce cadre, le secteur de la
santé nous semble particulièrement intéressant
à observer. Ainsi, traditionnellement, l’information
de santé se caractérisait par son appartenance à
la fois à cette information publique et à l’information
scientifique. En tant qu’information publique, elle s’inscrit
pleinement dans les modalités de fonctionnement des politiques
publiques ; en tant qu’information scientifique, elle doit répondre
aux critères précis d’évaluation et de
diffusion de la communauté scientifique. Or, actuellement,
cette information de santé connaît un mouvement complexe
de publicisation qui interroge la signification du caractère
public de l’information.
En effet, plusieurs mutations sont à l’oeuvre. D’abord,
l’information publique médicale est marquée par
un mouvement de « privatisation ». Cette expression comprend
l’intervention d’acteurs de la sphère économique
et indique également un mouvement de privatisation par les
individus eux-mêmes : l’utilisation, dans la sphère
privée et pour des objectifs strictement individualisés
de l’information médicale. Ce mouvement de privatisation
s’accompagne enfin de formes de marchandisation de l’information
publique. Celle-ci devient un enjeu commercial à plus d’un
titre. Si les enjeux financiers de l’information médicale
ne sont pas nouveaux, ils s’accentuent et revêtent des
modalités nouvelles.
Ensuite, les supports d’information médicale sont de
plus en plus nombreux et sa production échappe désormais
au seul secteur scientifique. Avec la multiplication des instances
de production et de diffusion (laboratoires pharmaceutiques, assurances,
associations de malades, centres de recherche, institutions publiques),
le statut de cette information se diversifie (informations pratiques,
conseils, promotion de tel ou tel médicament, comptes-rendus
scientifiques,…).
Enfin, ce secteur connaît lui aussi une remise en cause des
paroles d’autorité, ou une extension dans la sphère
médicale de comportements militants propres à la sphère
politique : développement d’une information « alternative
», expressions publicisées des individus, refus des statuts
et de l’expertise légitimée uniquement par ceux-ci
…
Il s’agit ainsi, à travers l’étude du secteur
de la santé, d’interroger la pérennité
du caractère public de l’information.
« Télévision, Espace
public national et international, Histoire-mémoire »
Isabelle Veyrat-Masson
CNRS - Laboratoire Communication et Politique, Institut des Sciences
Politiques - Centre d’Histoire, Paris, France
RESUME EN ATTENTE
|