« La MPA
: la diplomatie globale d’Hollywood »
Alexandre Bohas
Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne, France
Organisation rassemblant les sept majors – Buena Vista, Sony
Pictures, Paramount, Warner Bros., MGM, Universal et 20th Century
Fox – la Motion Picture Association (MPA) coordonne leurs politiques
globales. Elle s’efforce avant tout de préserver et d’étendre
le cinéma-monde où les films américains dominent.
Implantée dans plus de 125 pays, elle structure en effet les
marchés afin d’assurer durablement une prédominance
mondiale. Pour ce faire, elle bénéficie des capacités
d’actions que lui confère la puissance des firmes qu’elle
représente. Affectant tant les sphères socio-économiques
que les gouvernements, ses moyens se déclinent dans un continuum,
de la campagne de promotion aux mesures coercitives, incluant les
pressions exercées conjointement avec celles du Congrès
des États-Unis.
Il convient d’analyser ce représentant prééminent
du secteur cinématographique à travers deux sujets qui
démontrent sa position transnationale : d’une part, la
mise en place du libre-échange en matière culturelle,
et d’autre part, le respect de la propriété intellectuelle.
L’observation de cette politique étrangère permettra
l’étude des alliances interfirmales. En outre, elle conduira
à l’examen des situations critiques dans lesquelles ces
professionnels ont plus particulièrement agi, lors des négociations
commerciales par exemple.
Il importe également de retracer la sociogenèse de
la MPA dont les pratiques se sont transformées avec la multiplication
de ses investissements directs à l’étranger et
l’évolution du système international. Alors qu’auparavant
son activité dépendait principalement du jeu interétatique,
on a assisté ces vingt dernières années à
sa mondialisation, ses initiatives ne relevant plus seulement du bon
vouloir de la diplomatie américaine. Si cette dernière
reste un partenaire soucieux de la prospérité de son
cinéma, la MPA traite désormais directement avec les
autorités nationales, et s’oppose parfois à l’approche
adoptée par les délégués au commerce de
la superpuissance. Autant dire qu’elle a acquis une autonomie
à l’égard de Washington.
Cette recherche donnera lieu à des entretiens que nous comptons
mener auprès de dirigeants de cet organe à Los Angeles
et de sa représentation à Bruxelles. Par ailleurs, ce
porte-parole des compagnies hollywoodiennes est souvent consulté
par les pouvoirs publics au cours d’audiences qui font l’objet
de publications. De surcroît, il sera observé par le
biais des médias : comme tout groupe de lobbying, il se manifeste
souvent dans la presse spécialisée telle que Variety.
Enfin, ses opérations de répression menées dans
le monde sont souvent relatées dans les journaux locaux.
« La recomposition de l’action
publique française en matière audiovisuelle et cinématographique,
entre tradition corporatiste et adaptation à la mondialisation
»
Frédéric Depétris
CNRS, CEVIPOF, IEP de Paris, France
L’objectif de cette communication est d’analyser les
transformations profondes qui affectent à la fois les espaces
cinématographiques et audiovisuels français, ainsi que
les modes d’action publique depuis les années 1980. Elle
s’appuie pour cela sur l’étude de la dynamique
des politiques du cinéma, au sein de laquelle la relation néo-corporatiste
entre les professionnels du cinéma et l’Etat joue un
rôle majeur. Cette communication met par ailleurs en perspective
l´évolution actuelle des politiques du cinéma,
marquée par de profonds bouleversements liés non seulement
à la montée en puissance de la télévision
et des nouvelles industries de l’image, mais aussi résultant
des processus d’européanisation des politiques publiques
et de mondialisation du commerce et de la culture.
La rupture engendrée par la libéralisation rapide de
l’audiovisuel français est ainsi caractéristique
du passage de la régulation étatique d’un espace
social à une régulation par le marché. Cependant,
les transformations ne concernent pas seulement l’espace de
production des films et la régulation de l’activité
cinématographique, mais aussi la définition de l’action
publique dans le domaine cinématographique. En effet, la relance
du processus de construction européenne après la signature
de l’Acte unique en 1986 provoque un déplacement des
jeux d’acteurs, ainsi qu’un repositionnement de l’action
des pouvoirs publics nationaux. Le rôle d’entrepreneur
politique de la Commission est particulièrement mis en avant
dans les tentatives de déréglementation des législations
nationales existantes et de promotion d’une libéralisation
globale du monde de l’image et des médias électroniques,
comme en témoignent encore récemment les initiatives
européennes en matière de services d’intérêt
général (directive Bolkenstein) et le processus de révision
de la directive Télévisions Sans Frontières (TSF).
La thématique de l’exception culturelle et aujourd’hui
celle de la diversité culturelle se situent à l’articulation
des questions de l’Etat et de la nation, du marché et
de sa régulation. L’étude de ces transformations
offre ainsi une perspective intéressante pour analyser les
processus de recomposition de l’action publique dans un contexte
d’européanisation et de mondialisation.
«Evaluation
critique des activités de la culture et de la communication
au niveau international de l'UNESCO, lié à l'alignement
idéologique avec le néolibéralisme des Nations-Unis
»
Veva Leye
Fund for Scientific Research-Flanders - Ghent University, Belgique
L’objectif de cette communication est d’analyser les
transformations profondes qui affectent à la fois les espaces
cinématographiques et audiovisuels français, ainsi
que les modes d’action publique depuis les années 1980.
Elle s’appuie pour cela sur l’étude de la dynamique
des politiques du cinéma, au sein de laquelle la relation
néo-corporatiste entre les professionnels du cinéma
et l’Etat joue un rôle majeur. Cette communication met
par ailleurs en perspective l´évolution actuelle des
politiques du cinéma, marquée par de profonds bouleversements
liés non seulement
à la montée en puissance de la télévision
et des nouvelles industries de l’image, mais aussi résultant
des processus d’européanisation des politiques publiques
et de mondialisation du commerce et de la culture.
La rupture engendrée par la libéralisation rapide
de l’audiovisuel français est ainsi caractéristique
du passage de la régulation étatique d’un espace
social à une régulation par le marché. Cependant,
les transformations ne concernent pas seulement l’espace de
production des films et la régulation de l’activité
cinématographique, mais aussi la définition de l’action
publique dans le domaine cinématographique. En effet, la relance
du processus de construction européenne après la signature
de l’Acte unique en 1986 provoque un déplacement des
jeux d’acteurs, ainsi qu’un repositionnement de l’action
des pouvoirs publics nationaux. Le rôle d’entrepreneur
politique de la Commission est particulièrement mis en avant
dans les tentatives de déréglementation des législations
nationales existantes et de promotion d’une libéralisation
globale du monde de l’image et des médias électroniques,
comme en témoignent encore récemment les initiatives
européennes en matière de services d’intérêt
général (directive Bolkenstein) et le processus de
révision de la directive Télévisions Sans Frontières
(TSF).
La thématique de l’exception culturelle et aujourd’hui
celle de la diversité culturelle se situent à l’articulation
des questions de l’Etat et de la nation, du marché et
de sa régulation. L’étude de ces transformations
offre ainsi une perspective intéressante pour analyser les
processus de recomposition de l’action publique dans un contexte
d’européanisation et de mondialisation.
« Transformations des logiques de circulation
internationale du livre. Les échanges entre les pays d’Europe
de l’Est et la France au tournant des années 1990 »
Iona Popa
CNRS - Institut des Sciences Sociales du Politique, France
En prenant l’exemple du livre, nous nous proposons de mettre
en lumière l’articulation de deux logiques de circulation
internationale des productions culturelles entre les pays d’Europe
de l’Est et la France : l’une, politisée,
régit les échanges avant la chute du système
communiste ; l’autre, relevant du marché international
du livre, se met progressivement en place après le changement
politique survenu en 1989.
Sous le communisme, la production et la traduction de livres sont,
en effet, soumises à une réglementation et un contrôle
très stricts. Les échanges culturels internationaux
relèvent des politiques culturelles extérieures mises
en place par les régimes communistes, même si, notamment
pendant les années 1980, leurs modalités se diversifient
en raison du recours à des pratiques d’édition
clandestines et de circulation internationale non-autorisée
des livres. Depuis la chute du communisme, la mise en place progressive
d’un marché éditorial dans les anciens pays communistes
et le rétablissement de la liberté de circulation transforment
fondamentalement les conditions de ces échanges.
Dans une perspective comparative, nous analyserons les évolutions
des flux des livres importés en France en provenance de plusieurs
pays de l’Est. Nous nous proposons ainsi d’évaluer, à l’aide
d’indicateurs quantitatifs, les effets (durables, ou au contraire,
purement conjoncturels) de l’événement politique
représenté par la fin des régimes communistes
sur l’évolution des flux des livres importés,
tout en nous demandant s’il entraîne la diffusion internationale
de livres auparavant interdits de circulation, ou encore, quel est
le taux de renouvellement des choix éditoriaux. Nous vérifierons également
si les hiérarchies entre ces différents flux nationaux
se trouvent modifiées par rapport à la période
antérieure à 1989, autrement dit, si la géométrie
variable des échanges culturels entre la France et les différents
pays de l’Est – qui témoigne des positions structurellement
inégales qu’occupent ces pays – se maintient ou
au, contraire, se redéfinit. L’examen des lieux de réception éditoriale
permettra, enfin, de caractériser le remplacement du clivage
autorisé/interdit – qui avait structuré l’importation
des livres provenant des pays de l’Est – par de nouvelles
polarités, telles que esthétique vs. commercial.
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